Je suis fasciné par les semis de lettres accompagnant les sonnets de Métaux. Ils pourraient inspirer des réalisations artistiques dans en trois dimensions, à la manière dont les brodeuses de Perecofil ont exploité les hétérogrammes de Perec en deux dimensions.
A vrai dire, je n'ai jamais vu ce rare ouvrage, et ne connais ces semis que par ceux du sonnet en F reproduits dans le CGP5, Les poèmes hétérogrammatiques. Mais Perecofil propose aussi, en broderie, les semis du sonnet en V.
La reproduction du CGP5 est médiocre, un brin meilleure chez Perecofil, aussi j'ai ressenti le besoin d'en proposer ma propre version, en jaune sur fond noir, comme l'alphabet des étoiles de Mallarmé.
Selon le CGP5, chaque sonnet est proposé en première page d'un cahier de 4 pages de format 58x42 cm (une grande feuille pliée en deux). Il y a d'abord la matrice carrée, puis le poème en clair, puis le lieu et la date de composition, en l'occurrence Lans-en-Vercors, 24 décembre 1976.
Au verso il y a les 14 semis de lettres, dont la superposition donnerait la matrice 14x14, autour de la grande lettre identifiant le sonnet. En l'occurrence le F est vert, les semis de lettres sont imprimé en noir, excepté le M, en violet, et le U, en vert. Les semis suivent l'ordre du premier "vers", ici METAL GRIS FONDU. Le 6e semis est formé de toutes les lettres jokers.
La 3e page présente la graphisculpture de Paolo Boni, avec son relief au verso.
J'ai donné ici le texte du sonnet en F.
J'ai eu la curiosité d'examiner quels étaient, pour chaque lettre, les sommes des rangs dans chaque ligne. L'idée principale était de trouver un 123, le nombre semblant privilégié.
Non, ces sommes sont : M, 105, E, 87, T, 119, A, 113, L, 94, G (et autres jokers), 87, R, 81, I, 91, S, 112, F, 86, O, 128, N, 128, U, 105.
M et U ont la même somme 105, somme des 14 premiers nombres, puisque ces lettres composent les deux diagonales.
J'ai utilisé le petit programme écrit pour ce calcul avec les 6 autres sonnets. Tout ce qui m'a retenu est le retour de cette somme 105 pour le O du sonnet en B, et le R du sonnet en P. Certains rangs sont répétés, mais les répétitions pallient les manques des colonnes vides.
Ce qui me semble remarquable est la nature des lettres concernées, O et R, en relation avec les M et U du sonnet en F, car le onzain 93 d'Alphabets contient l'expression "l'or mu". Il semble préfigurer avec plus d'un an d'avance les sonnets de Métaux (6 métaux ou alliages sont cités, + éventuellement l'arséniure).
M et U, correspondant aux Fibos 13 et 21, sont les lettres de l'alphabet offrant le meilleur rapport d'or. Le couple MU (ou UM) se rencontre 7 fois dans ce onzain 93 (sur 11 possibilités).
L'or se mutina : loi transmuée
sort aluminium né,
sort laiton à sel mûr,
moult arséniures,
liant,
monel suratomisé.
L'or mu : antimoine
alu
strontium
(laser ?)
sort aluminium né,
sort laiton à sel mûr,
moult arséniures,
liant,
monel suratomisé.
L'or mu : antimoine
alu
strontium
(laser ?)
Ce onzain de 11x11 lettres a été composé le 11/11 (1975), de même que le suivant.
Plutôt que la matrice 11x11, je préfère donner l'astérie dérivée :
J'ai été enchanté de découvrir ceci l'an dernier, ce qui m'a conduit à diverses créations, dont une en rapport (d'or) avec les sonnets de Métaux.
Les 392 lettres des sonnets en G et V sont en rapport d'or avec deux onzains de 242 lettres en D (ou un en B et un en F), par leurs nombres de lettres et leurs gématries.
Je ne pensais plus à cela lorsque j'ai souligné dans le précédent billet les jokers uniques GV dans le sonnet en F.
Je rappelle qu'Alphabets est une mine d'OR (59 occurrence de ce mot, de loin celui à acception substantivale le plus fréquent).
Le titre de ce billet est le dernier vers du sonnet vertical de mon schizonnet le plus réussi, signalé dans le précédent billet à cause de la valeur de l'auteure qui
Je n'ai à vrai dire composé que deux vrais schizonnets, et j'ai eu à chaque fois l'impression que les textes résultaient selon une logique implacable des choix de départ, les vers initiaux, ici Ça se latéralise si je ne m'abuse et Ça se lit érigé, ça se lit en abîme, les rimes, et les vides dans la grille.
C'est très probablement faux, mais j'ai été émerveillé de l'apparition du vers Désuni, l'épuré sature le semis, lequel m'a fait penser aux semis de lettres de Métaux.
Attendu qu'en hébreu le mot tserouf a pour sens "anagramme" et "purification", le vers pourrait exprimer le processus même de la création anagrammatique.
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