Tu es Pierre...

  Comme souvent répété, la relation simplifiée des Evangiles, c'est 
2F(n+1) + F(n) = F(n+3),
avec 2F(n+1) pour les 3 Synoptiques, 68 chapitres, et F(n) pour Jean, 21 chapitres.
  Cette même relation apparaît à l'intérieur des Synoptiques, avec 52 chapitres pour Matthieu plus Luc, et 16 pour Marc.
  L'ensemble se traduit par la relation étendue
4F(n-1) + 2F(n-2) + F(n) = F(n+3), 
et il serait possible d'aller plus loin avec
8F(n-3) + 4F(n-4) + 2F(n-2) + F(n) = F(n+3),
et de continuer ad libitum, les coefficients des F correspondant aux puissances de 2, 1-2-4-8-16, etc., mais 1-2-4-8 m'est évocateur car ces chiffres composent les nombres 81 et 42 qui sont les valeurs de PRENOM et NOM.

  Or la somme 81 + 42 est égale à 123, somme des valeurs des prénom et nom Georges Perec (76+47), auteur de ce qui est peut-être le texte court le plus inouï que je connaisse, le sonnet en F de Métaux
  C'est donc un hétérogramme, où chaque ligne est composée des 13 lettres METALRISFONDU + 1 lettre joker choisie parmi les 13 lettres restantes de l'alphabet.
  C'est le seul hétérogramme de Perec avec deux diagonales isogrammes (en orangé). Les 11 autres lettres de la série, en bleu, ont la valeur 123.
  Les 14 jokers, en blanc, ont aussi la valeur 123, avec une distribution remarquable,
4PB + 2HC + VG = 4 × 18 + 2 × 11 + 29 = 123, 
avec cette particularité que 11, 18, 29, sont des termes de la suite additive se poursuivant par 47-76-123, leur distribution correspondant exactement à la relation évangélique étendue.

  J'ai ressassé ça avec d'autres détails dignes d'intérêt dans les récents billets, mais voici maintenant ce que ça devient avec les coefficients 8-4-2-1. 4 × 18 devient 8 × 7 + 4 × 4 et l'ensemble
8 × 7 + 4 × 4 + 2 × 11 + 1 × 29 = 123, ou, en rassemblant 8-1 et 4-2
(8 × 7 + 1 × 29)  + (4 × 4 + 2 × 11) = 85 + 38 = 123.

  38 et 85 me sont significatifs. Robert Rapilly a publié dans Formules n° 9 trois grilles dont les gématries sont
252 + 3633 + 3762 = 7647, fusionnant les valeurs de GEORGES et PEREC.
  Perec est cité dans les deux premières grilles, et
252 + 3633 = 3885, fusionnant 38 et 85, que j'avais alors vus comme "perec" et "imperec", valeurs des lettres paires ERE EE = 38 et impaires GOGS PRC.
  Il y avait encore 3885 − 3762 = 123, mais Robert, qui pratique néanmoins la gématrie à l'occasion, a certifié n'avoir rien prémédité.

  Le 2 septembre 2024, il m'est venu que les auteurs, conscients ou non, de poèmes dont les valeurs fusionnaient des valeurs prénom-nom étaient :
     GEORGES PEREC             = 123
     ROBERT RAPILLY            = 171
     REMI SCHULZ                  = 134
          total :                                   428
tandis que les personnages concernés étaient :
     ARSENE LUPIN                    = 134
     GEORGES PEREC                 = 123
     ELISABETH LOVENDALE = 171
          total :                                      428

  Dans la formule 
[4F(n-2) + 2F(n)] + [8F(n-1) +1F(n+2)],
avec l'ordre des coefficients 42-81, NOM-PRENOM, le coefficient 1 est facultatif, 4281 devenant alors 428.
  Le billet précité donnait deux poèmes en 18 vers avec l'acrostiche ELISABETH LOVENDALE, de valeur totale 8190 fusionnant 81 et 90, et le billet suivant me faisait honorer LEBLANC MAURICE, selon l'ordre NOM-PRENOM, dans un sonnet de valeur 4970 fusionnant 49 et 70.

  Les nouveaux rebondissements m'ont donné envie d'honorer Pierre Boulle, que j'ai apprécié jadis, et dont j'ai découvert l'an dernier un roman de jeunesse, édité 10 ans après sa mort, L'Archéologue et le mystère de Nefertiti (2005).
  C'est une histoire ébouriffante, dont j'ai surtout remarqué la structure, en 4 parties de 4-5-8-9 chapitres, et 4-5-8-9 n'est autre que le code PIN de mon ordi, correspondant à mon nom:
REMI  SCHULZ = 45  89.

  Alors PIERRE BOULLE = 71 + 67 = 138, commandant donc un poème en 12 vers de valeur 7167. De même que mon second poème LOVENDALE et mon sonnet LEBLANC étaient en 81+90 mots et 49+70 mots, j'ai opté pour 71 et 67 mots.
  7167 étant un total difficile à atteindre en 12 alexandrins, j'ai choisi d'utiliser 4 strophes de 3 vers, avec deux premiers vers de 13 et 8 pieds, pour le 138 de PIERRE BOULLE, et un dernier vers de 21 pieds, césuré 13-8, avec une rime à la césure.

  Voici ce à quoi je suis parvenu (ici sur le Gématron) :


Plus en toi s'unit l'égyptologue, et plus tu saignes.
Il est ta loi, nul ne l'enfreigne ! 
En ton monde il n'est aucun espoir d'un nouveau règne, à moins que tu ne t'y contraignes. 

Ramsès ou Sésostris sont royaux, itou Seti,
Rê devient ta Néfertiti,
Et tu sens que tu n'es qu'un pion, un pion tout petit, un pion qu'un cryptique eût meurtri. 

Boulle est l'homme auquel Hollywood apporta la gloire,
On loua son Pont, ses jeux notoires, 
Ulysse explorant Soror, planète aux signes noirs, dans un texte aux prompts exutoires.

L'art d'écrire est donc l'art des gueux et des troubadours,
L'art de s'extraire avec humour,
Etre à la fois la plume et l'oeil, la haine et l'amour, dans un symétrique parcours. 


  Quelques surprises après coup. Les trois "gémacronymes" que j'ai composés selon les mêmes contraintes concernent donc :
     PIERRE BOULLE                  = 138
     LEBLANC MAURICE           = 119
     ELISABETH LOVENDALE = 171
          total :                                      428

  Ainsi la somme des valeurs 138 + 119 est la même que celle de GEORGES ARSENE = 76 + 62 = 138 plus PEREC LUPIN = 47 + 72 = 119.
  Le total 257 est la valeur de THE GREEK COFFIN MYSTERY d'Ellery Queen, donné en acrostiche par les 21 chapitres de son Book one. J'en ai souvent parlé, très récemment ici, soulignant que le partage fibonaccien en 13-8 lettres tombait sur FI comme Fibonacci ou Phi le nombre d'or.

  134 est aussi la valeur de mon nom, et il me semble qu'après une première version de la 1e strophe, je l'ai légèrement modifiée pour qu'elle totalise 134 lettres (c'était à une lettre près).
  Je n'ai pas prêté attention aux nombres de lettres des autres strophes, jusqu'au premier jet du poème atteignant la valeur 7167, en 537 lettres, à une unité près de 536, 4 fois 134. J'ai donc modifié le texte pour parvenir à 138 mots, 536 lettres de valeur 7167.
  Le premier jet du 1er poème LOVENDALE avait 670 lettres, 5 fois 134, et je l'avais conservé tel quel.

  Après coup, j'ai compté (ou plutôt fait compter par l'ordi) les nombres de lettres de mes 4 strophes, soit 134-123-144-135, ainsi les deux premières strophes avaient les valeurs de ARSENE LUPIN et GEORGES PEREC, les deux premiers prénom-nom que j'ai repérés fusionnés dans des poèmes, le second étant l'auteur du premier poème. Le premier vers de mon poème paraphrase le début du dernier hétérogramme de La clôture.

  Enfin, j'ai eu la curiosité de voir ce que devenait l'acrostiche en développant le poème en strophes de 4 vers de 13-8-13-8 pieds.
  PIEA RREU BOUD LLED n'est guère significatif, mais sa valeur 168 correspond au nombre de pieds du poème.

  Consulter la fiche de Pierre Boulle m'a appris qu'un autre inédit était paru après L'égyptologue, L’enlèvement de l’Obélisque en 2007, série de 7 enquêtes du criminologue Merlec.
  C'est aussi très farfelu, mais plutôt distrayant. La nouvelle centrale m'a retenu, Une mort suspecte. La danseuse Fedora Tchecoff est trouvée morte dans sa chambre d'hôtel fermée de l'intérieur, à la fois empoisonnée, poignardée, asphyxiée, pendue et percée de deux balles.
  Le seul suspect est son amant El Barone, dans la chambre voisine, mais comment aurait-il pu faire ?
  C'est ce nom Barone qui m'a retenu. J'ai été pendant 10 ans membre de l'association 813 des amateurs de polar, jusqu'à ce que les partisans du roman noir y prennent trop d'importance. Il y avait néanmoins des amateurs du bon vieux roman d'énigme, notamment le Marseillais René Barone, lecteur fervent comme moi de Paul Halter, spécialiste des chambres closes.
  Jean Contrucci a nommé René Barone un personnage récurrent des enquêtes de Raoul Signoret, dont j'ai commenté certaines, et j'ai appris récemment qu'un personnage essentiel de la nouvelle La tombe de David Jones, de Paul Halter, était René Baron, originaire de Marseille.

  Dans mon Novel Roman, entièrement inspiré par le nom Elisabeth Lovendale, une malédiction semble poursuivre les 18 héritiers VERANOMNOL, disparaissant mystérieusement au cours de ses 18 chapitres dont les titres, tous en 18 lettres de valeur 171, forment l'acrostiche alphabétique ABCDEFGHIJKLMNOPQR, de valeur 171 comme Elisabeth Lovendale.
  Son chapitre 15, Orphelin implaçable, mène les enquêteurs à Marseille, où la victime désignée est Morvan Léon, adopté par les tenanciers du BAR ONE, nom choisi en hommage à René, mais aussi parce que BAR devient ONE en rot-13, le code favori des Bucco-Rhodaniens.
  Morvan Léon n'était pas tué en chambre close, mais blessé mortellement dans un jardin public, alors qu'il était surveillé de près par 6 enquêteurs. Ce ne sera pas résolu, mais le chapitre est inspiré par l'affaire Gaspard Hauser, l'orphelin qui a trouvé la mort dans les mêmes conditions, s'étant probablement blessé lui-même.
  GASPARD (ou KASPAR) HAUSER a pour valeur 138, et il me semble que 813 de Leblanc s'inspire aussi de son histoire. C'était aussi une source pour Perec, lequel a écrit 15 Variations du poème Gaspard Hauser chante, de Verlaine.
  L'une des variantes ne modifie que le dernier vers, Priez pour le pauvre Gaspard !, ou "pauvre Gaspard" devient "pauvre Lélian", l'anagramme de "Paul Verlaine" forgée par Rimbaud. Ceci m'avait conduit à écarter ce vers pour découvrir que les 15 vers non modifiés avaient pour valeur 4776, concaténant 47-76 de PEREC-GEORGES, en 380 lettres, 380 gématrie de la translittération de Perec en hébreu.
  Et en 103 mots, avec 
CENT  TROIS = 42  81 = NOM  PRENOM.

  La partie marseillaise de mon chapitre était écrite en symétricologie, contrainte imaginée par Jean Ricardou, et je détaille tous mes choix ici.
  Si les prénom-nom de ELISABETH LOVENDALE offrent de merveilleuses possibilités, son créateur MAURICE LEBLANC a la même valeur 119 que JEAN RICARDOU.

   Or une bonne partie des textes de Ricardou sont composés à partir des "nombres fondamentaux", les 4 et 8 lettres de JEAN RICARDOU, somme 12, rapport 1/2. Ils sont par exemple amplement convoqués dans L'art du X, l'hommage de Ricardou après la mort de Perec. Il est composé de 284 phrases codées de 12 mots, en 4 parties, offrant 8 formes d'un sonnet en alexandrins.
  Il ressort donc des prénom-nom de Ricardou les nombres ou chiffres 1-2-4-8, or PRENOM NOM c'est précisément 81 42.

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